Le Labyrinthe oeuvre d’art à l’époque contemporaine.

Le labyrinthe tel qu’on le connait aujourd’hui, composé de murs et d’impasses dans un contexte extérieur, est d’abord apparu sous terre, dans les pyramides de la civilisation égyptienne, afin d’abriter de légendaires tombeaux. 

Dans la mythologie grecque, le labyrinthe est un palais construit par Dédale sous l’ordre de Minos, pour y enfermer le Minotaure. Mythologiquement, il serait une représentation de l’Homme se perdant sur le chemin de la connaissance, c’est-à-dire du monde l’entourant mais aussi son monde interne. Il symboliserait donc les méandres de l’âme humaine. 

Depuis la moitié du XX ème siècle, même si il perdure comme lieu de loisir, il est aussi « oeuvre d’art ». Que ce soit en intérieur ou en extérieur, dans un musée ou un lieu architectural, le labyrinthe impose une perte de repères inévitable, désoriente, questionne : Où suis-je ? Qui suis-je ?

Groupe de Recherche d’Art Visuel, Dylaby : Labyrinthe dynamique, 1962, Stedelijk Muséum, Amsterdam

Les artistes les ré-interprètent afin d’apporter d’autres symboliques au sein de leur « oeuvre labyrinthe ». Désormais ils se veulent participatifs. Le spectateur fait parti de l’oeuvre et interagi avec elle. Comme dans « «Dylaby » sous titré « Labyrinthe dynamique » , oeuvre du Groupe de Recherche d’Art Visuel  (Nouveau Réalisme), réalisé en 1962. Cette installation métamorphose un musée entier en dédale, modifiant complètement les habitudes conceptuelles et cognitives des visiteurs ainsi que la perception architecturale du lieu : toutes ses caractéristiques sont modifiées, ou perçu différement.  Il s’agit, en fait, de redonner vie à une légende crétoise dans laquelle Minos convoque ses artistes afin de transformer son musée en un dédale, perturbant, faisant perdre les repères spatiaux à ses spectateurs. Daniel Spoerri (faisant parti du collectif de créateurs) investit par exemple deux salles du musée : dans la première, les spectateurs, plongés dans le noir total, doivent se déplacer à l’aveugle en « se guidant sur des surfaces aux textures variées, parfois chaudes, ou humides, assaillis par des sons et des odeurs diverses » nous dit Spoerri. 

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Krijn De Koning, Espace-Couleurs, 2015, Centquatre, Paris.

D’autres « oeuvres labyrinthe » transmettent des sensations plus ludiques, de découvertes architecturales. Krijn de Koning, dans « Espace-couleurs » à Centquatre paris, joue sur une expérience instinctive, faisant découvrir les moindres recoins ou éléments de surprise du lieu. Une dualité s’installe entre l’environnement  néoclassique du Centquatre ,et les couleurs, formes rectangulaires, couloirs étroits  de l’installation. En effet l’assemblage multicolore, jouant essentiellement sur les couleurs primaires, parait complètement en décalage avec l’architecture du bâtiment. Cela crée un voyage au sein de l’architecture du lieu – faisant disparaitre la frontière entre intérieur et extérieur, dessinant des « chambres à voir » comme le dit Georges Didi-Hubermann (philosophe et historien de l’art).

Cette installation est en fait la porte d’entrée de la véritable exposition de Centquatre. Plus on avance dans l’installation de Koning, plus le lieu s’obscurcit, mais conserve l’aspect coloré. 

En plus de la dimension participative, on perçoit dans cette installation un rappel à l’exposition « Comme un jeu d’enfant » de Danile Buren au MAMC de strasbourg. On y retrouve un art ludique associé à une dimension intellectuelle. Le spectateur peut se déplacer dans l’oeuvre afin d’y découvrir des formes et couleurs rappelant le monde de l’enfance.

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Henrique Oliveira, Les tunnels en bois, 2014, Musée d’art contemporain, Sao Paulo

« Les tunnels en bois » d’Henrique Oliveira, réalisés au Musée d’art contemporain de l’université de Sao Paulo témoignent d’une toute autre identité visuelle. Conçu avec des matériaux recyclés, les formes beaucoup plus organiques, rappelant des racines, plongent le spectateur dans un tout autre univers que celui extérieur. Cette fois-ci espace clos,  l’artiste nous emmène paradoxalement dans un monde parallèle à la société d’où provient tout les matériaux. Son but est de redonner vie à ce matériau bois, de lui redonner un état naturel. Il explique : « C’est du bois qui a été pris à la nature, qui a été coupé sous forme de structures géométriques et qui ont été utilisées par la société puis jetées. Moi, je les reprends et je construis quelque chose avec, je crée de vraies formes naturelles. Je ramène l’aspect de l’arbre au matériau. Ce n’est pas juste un objet, c’est une expérience. ». Il vient intégrer, presque redonner vie, au Musée d’art contemporain et à ses formes rectilignes, froides grâce à sa structure dynamique et nettement plus naturelle, ce qui crée un espace tout en contraste.

Le labyrinthe se révèle désormais sous des formes plus aléatoires et variées, colorées ou plongées dans l’obscurité, contrastant avec les labyrinthes orignaux des civilisations grecques ou même des bosquets du château de Versailles. Il est réinterprété de multiples façons mais reste toujours aussi mystérieux et attrayant pour le spectateur en intégrant les notions de la perte de connaissance, et de la découverte. De plus les artistes semblent vouloir jouer entre l’aspect du labyrinthe et l’architecture du lieu afin d’en donner un autre point de vue, d’en changer la perception, de finalement la redécouvrir. D’autres exemples d’artistes peuvent être cités, comme Richard Sierra avec son oeuvre « La matière du temps« , ou bien Robert Morris dans « Labyrinthe« (Cf : bas de page).

 

Sitographie :

Art plastique, auteur inconnu, « Le labyrinthe dans l’art », 14 octobre 2015 http://artpla33.blogspot.fr/2015/03/le-labyrinthe-dans-lart.html

Consulté le 18/11/2016

Dossier pédagogique du Centre Pompidou Metz, auteur inconnu, « Exposition Erre, Variation labyrinthique, l’art comme labyrinthe ».

http://www.centrepompidou-metz.fr

Consulté le 19/11/2016.

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