Le numérique, outil pour valoriser le patrimoine culturel

Aujourd’hui le numérique prend de plus en plus de place dans notre quotidien. Il devient également beaucoup présent dans l’art. En effet, les artistes utilisent ses propriétés pour créer des œuvres toujours plus hors du commun. Le numérique intervient aussi sur œuvres architecturales réalisées depuis longtemps. Les artistes utilisent ses nouvelles technologies pour redynamiser, sublimer ces monuments historiques aux yeux du grand public.

Depuis 1978, Miguel Chevalier utilise l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques. Cet artiste est né en 1959 à Mexico, mais vit et travaille à Paris. Son travail aborde la question de l’immatérialité dans l’art. Il développe dans ses installations numériques génératives et interactives, l’imaginaire de l’architecture et des villes virtuelles, ainsi que la transposition de motifs issus de l’art islamique dans le monde numérique.

En 2016 à l’occasion de la Nuit Blanche, événement artistique mené par la ville de Paris, Miguel Chevalier a mis en place l’œuvre Voûtes Célestes sur le plafond de l’Église Saint-Eustache. Cette création a été encadrée par le Père George Nicholson et Françoise Paviot, tous deux responsable de l’art contemporain de cette église. Voûtes Célestes est une installation numérique générative et interactive qui a été projetée sur les voûtes du chœur, de la nef centrale, à la croisée du transept et des deux transepts de l’Église Saint-Eustache. Cette projection in-situ a été musicalement accompagné et improvisé par Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, organiste titulaire du grand orgue de Saint-Eustache et de répertoires chantés par Les Chanteurs de Saint-Eustache.

voutes_celestes_miguel_chevalier_01bVoûtes Célestes, par Miguel Chevalier, dans l’Église Saint-Eustache à Paris, en 2016

Cette œuvre souligne les volumes des colonnes et des arcs de l’architecture par un ensemble de lumière et de couleurs qui s’anime au-dessus des têtes des visiteurs. D’étonnantes cartes du ciel imaginaires et des réseaux sinueux se forment et se déforment en fonction des mouvements des visiteurs ce qui créer des formes diverses et variées. Ils plongent ces derniers dans une atmosphère rayonnante qui augmente l’impression de hauteur et de légèreté de l’église. Les visiteurs découvrent ainsi une toute autre facette de l’église qui les obligent à lever les yeux au ciel et à contempler cette ouverture sur l’infini. 

Lors du Festival International di Andria Castel dei Mondi en 2014, l’œuvre Magic Carpets de Michel Chevalier a été projeté sur le sol de la cour intérieure octogonale (de 17, 50 m de diamètre) de Castel del Monte, en Italie. Ce monument architectural du XIIIe siècle est fondé sur une rigueur mathématique et astronomique ; l’octogone. 

castel_del_monte_2.jpgMagic Carpets, par Miguel Chevalier, Castel del Monte, en Italie, en 2015

Au travers de l’art numérique, l’artiste y intègre la tradition de la mosaïque, représenté aujourd’hui par le pixel. Des tableaux très géométriques, mais pourtant instables par interactions des visiteurs, se mélangent à des formes et des couleurs psychédéliques. Le tout est accompagné par la musique de Jacopo Baboni Schilingi. Cet univers artificiel semble redonner vie à ce monument historique. Il symbolise, comme la forme octogonal du site, le passage de la terre (carré) au ciel (cercle). 

L’agence ATHEM et Skertzò, réalise des créations scénographiques vidéo-projetés sur des façades architecturales. Les designers élaborent de nombreux projets afin de valoriser un lieu en lui donnant une image créative et innovante. Par leur création, ils espèrent toucher et émerveiller le public en partageant une histoire. Ainsi, ils métamorphosent les sites par une intervention artistique singulière, harmonieuse et porteuse de sens, afin de susciter l’émotion des publics. Pour ce faire, les designers utilisent le procédé de mapping vidéo qui se base principalement sur les formes des architectures.

En 2015, à l’occasion du millième anniversaire des fondations de la cathédrale de Strasbourg, l’agence a imaginé un spectacle de sons et de lumières. En effet la façade sud de la cathédrale à été illuminé afin de retracer toute l’histoire de sa construction. Cette dose de couleurs a permis à ce monument de revivre le temps de plusieurs soirées à la vu d’un grand public. Cette intervention a pour but de valoriser l’espace urbain et le patrimoine culturel de Strasbourg.

img_8013_rtcfullsizeoutput_729.jpegIlluminations lors du millième anniversaire des fondations de la cathédrale de Strasbourg, en 2015

L’agence a également participé à l’illumination de la Madeleine à Paris. Cette fois-ci, ce fut dans le cadre de noël. En effet du 12 décembre 2014 au 1er janvier 2015 l’édifice a été éclairé et a pris des allures féeriques. Ce spectacle visuel à permis de mettre en lumière les 52 colonnes, 34 statues et les 2 frontons de l’église. Ce qui fut l’occasion pour les passant de s’y arrêter et de contempler ce monument d’inspiration antique.

imagela madeleineIlluminations de noël sur L’Église de la Madeleine à Paris, en 2015

À travers toutes ces œuvres numériques, nous pouvons constater que les artistes souhaite valoriser le patrimoine culturel. Par le biais de l’art numérique, ils le rendent accessible au grand public. Le temps d’un instant, ils font revivre des monuments architecturaux depuis longtemps bâti. 

ANALYSE D’OEUVRE 

Dans le cadre de la saison culturelle France-Maroc en 2015, Miguel Chevalier a créé  l’œuvre Digital Arabesques à Dar Batha dans la ville de Fès au Maroc. Cette installation de réalité virtuelle générative et interactive d’une dimension de 8 mètres sur 8 mètres a nécessité d’un PC, de 2 vidéos projecteurs et une caméra infrarouge. 

digital_arabesques_fes_7Digital Arabesques, Dar Batha au Maroc, en 2015

Pour ce faire, l’artiste s’est inspiré de la culture et de l’architecture marocaine. Il a ainsi créé des motifs graphiques qui s’enchaînent, en référence aux zelliges, aux arabesques, aux mosaïques et aux moucharabiehs. Ces graphismes, projetés au sol, sont en perpétuels mouvements et changements. De plus grâce à des capteurs de présence, les univers lumineux réagissent aux mouvements des visiteurs. Ainsi, sous leurs pieds, les arabesques se croisent, s’enchevêtrent, se superposent, dessinant toujours de nouvelles compositions aussi épatantes les unes que les autres. Les visiteurs deviennent alors acteurs sans le vouloir de cette œuvre interactive. Cette œuvre perturbe les perceptions en créant l’impression d’un sol en mouvement. Elle fait ainsi référence aux artistes de l’art cinétique et de l’Op’Art, qui ont mené des recherches sur le mouvement et l’illusion d’optique. 

digital_arabesques_fes_4.jpgDigital Arabesques, Dar Batha au Maroc, en 2015

Par cette création, haute en couleur et en sensations, l’artiste a réussi à réinterpréter l’art marocain par des techniques numériques et à le faire découvrir au grand public dans le cadre d’une architecture marocaine. 

 

SITOGRAPHIE

  • Light ZOOM Lumière, Créalya. LAGANIER Vincent, »L’Origine du Monde 2014, Miguel Chevalier sur le Grand Palais, Art Paris Art Fair », 26 mars 2014. https://www.lightzoomlumiere.fr/, consulté en janvier 2019.
  • ATHEM création scénographique, OVH. LIGOT Philippe. https://www.athem-skertzo.com , consulté en janvier 2019.
  • Miguel Chevalier. http://www.miguel-chevalier.com/fr , consulté en janvier 2019.
  • Franceinfo. HERMMERLÉ Louise, « Pour son millénaire, une cathédrale de Strasbourg toute en lumière », publié le 3 juillet 2015 et mis à jour le 6 décembre 2016. https://culturebox.francetvinfo.fr/, consulté en janvier 2019.
  • Sortir à Paris. D.Elodie, « Illumination de la Madeleine 2014 : lancement le 12 décembre », publié le 9 décembre 2014. https://www.sortiraparis.com, consulté en janvier 2019.

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